Le rideau à Bulles de Merci
Nombreux sont les toulonnais qui se demandent pourquoi le voilier de Sébastien Destremau fait des bulles depuis quelques jours. « Bien que la période festive s’y prête, il ne s’agit ni de champagne ni d’un jacuzzi dans lequel baigne mon bateau depuis la semaine dernière » s’amuse le navigateur toulonnais.
De quoi s’agit-il?
« Il s’agit d’une expérience écologique qui m’intéresse à plusieurs titres. Pour commencer ça ne pollue pas » indique Jean-Guillem Destremau de la Société Destremer qui a dirigé l’installation et les opérations de mise en pression du système. « J’espère que les résultats seront à la hauteur de nos espoirs. Ses applications pourront servir directement les plaisanciers, les infrastructures et pourquoi pas les paquebots ou ferrys. A Toulon, comme ailleurs, ce ne serait pas pour nous déplaire …. »
Comment ça fonctionne?
Suite à des tests effectués en Belgique, c’est plus de 400 litres d’air par minutes qui sont propulsés en continu tout le long de la coque de Merci. « En labo, la circulation des bulles sous-marine empêche la formation du fouling (colonisation par les algues et coquillages) et évite ainsi d’appliquer des peintures extrêmement nocives pour l’environnement » explique Sébastien Destremau. « En cas de succès à l’échelle 1, les applications de notre procédé pourraient être immenses. Et si ça ne fonctionne pas, on aura essayé. »
Greenwashing ou étude scientifique ?
Certes, il s’agit d’une opération verte et écologique mais également scientifique grâce au soutien du CNRS et du MAPIEM qui participent à l’expérience grandeur nature.
« Dans le cadre de notre étude sur l’écologie microbienne et chimique des biofilms marins, nous apportons notre expertise au projet faceOcean. » indique le PhD Maître de conférence Jean-François Briand de l’Universite de Toulon. « Grâce au calcul d’un indice développé au laboratoire MAPIEM, publié et validé dans des projets précédents, nous allons évaluer l’efficacité du système de rideau à bulles contre la colonisation de la coque du bateau “Merci”» poursuit-il.
« C’est une grande joie et un privilège qu’une sommité comme le Professeur Briand et toute son équipe, apportent la garantie scientifique nécessaire à ce projet » se félicite le skipper du Vendée Globe. « Des études ont été menées il y a plusieurs années en Nouvelle Zélande mais uniquement en laboratoire. À notre connaissance, le « rideau à bulles » toulonnais est une expérience unique au monde sur une unité de cette taille » conclut-il.
Porté par le Fonds de dotation faceOcean et développé en partenariat avec le CNRS, le MAPIEM, la société Destremer ainsi que la Direction des Ports de Toulon (CCIVar), le projet « rideau à bulles » va se poursuivre pendant plusieurs mois.
Le « rideau à bulles » sur, ou plus précisément sous le voilier du Vendée Globe (situé au quai Cronstadt) a été activé à 14h45 le 12 décembre 2023.
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